Vous vous posez plein de questions sur le métier de coloriste de BD ? Je n’ai pas la science infuse, mais je vais tenter de répondre comme je peux…

Mis à jour en mars 2023

Je rêve de faire ce métier ! Comment faut-il s’y prendre ?
coloriste BD, c'est pas aussi facile que la peinture au numéro !

Il n’y a pas (ou rarement) de miracle : il faut travailler ! Tout le temps, tous les jours ! Surtout ne pas baisser les bras à  la première contrariété. Les éditeurs reçoivent des tonnes de propositions et deviennent de plus en plus exigent, un refus n’annonce pas la fin d’une carrière.


On dit « colorier » ou « coloriser » une bande dessinée ?

On dit ce comme on le sent. Même si à mon sens, coloriser se rapporte aux vieux films sorti en leur temps noir et blanc puis coloriser pour la télévision. Donc colorier me semble plus adapté, même si le terme peut avoir une connotation enfantine

Pourquoi faire ses couleurs à l’ordinateur et pas de manière traditionnelle (encres, gouaches, écolines, etc…) ?

Par facilité et souplesse.
Les préjugés disent que les couleurs faites l’ordi, sont froides, sans âme, trop parfaites, trop lisses… OK, certaines BD donnent cette sensation, mais c’est qu’on utilise mal les outils, ou que vous avez arrêté vos lectures de BD dans les années 1990 ou début 2000.

Actuellement, on arrive à  obtenir un résultat précis grâce aux machines. On peut aussi bien “imiter” un style de mise en couleurs comme avec des encres, des gouaches des lavis, etc. Bref, c’est un outil formidable qui évolue tout le temps au gré de l’avancée des logiciels. On n’est pas près d’en voir le bout !

De plus, les éditeurs cherchent principalement des couleurs sur support numérique. C’est un gain de temps énorme dans le processus de fabrication d’un album. Avoir tout un album en fichiers informatiques facilite le traitement pour le mener jusqu’à l’impression. Et en faisant les bons réglages couleurs sur son écran, on est sûr à 95% que ce qui est affiché à  l’écran sera imprimé tel quel sur papier.

Comment mettre en couleur une BD?

Il n’y a pas de manière universelle pour mettre en couleur une BD ou une illustration. C’est un travail artistique avant tout et chacun aura une approche différente.
Il faut avant tout voir la planche comme un ensemble et rester cohérent avec le style de dessin. Des teintes qui partent dans tous les sens vont piquer les yeux et ne plus donner l’envie de continuer à lire son livre ! Savoir bien mettre en valeur les choses essentielles dans une planche, comprendre le récit ou le gag et le servir au mieux, c’est là le plus important.

Il existe quelques livres en français dont  “La Colorisation des planches” de Jean-Marc Lainé et Sylvain Delzant paru chez Eyrolles auquel j’ai participé avec d’autres coloristes dont Geyser, Pat Dumas, Cyril Saint-Blancat, Usagi, Fabien Alquier, Seb Lamirand, etc.
Le livre explique pas à pas comment procéder, de la numérisation aux techniques de couleurs, accompagné des nos témoignages.

Attention que ces livres datent de 2009/2010 et n’ont pas été actualisés. Les procédés de mise en couleur et la mise en page est un peu « datée »

La colorisation des planches de BD – le livre qui explique comment on colorie des BD par ordinateur

Commandez ce livre sur Amazon.fr

Vous trouverez également des informations dans ces livres (mais je ne les ai pas consulté personnellement)


La Colorisation avec Photoshop, par Kness et Made. 


How to Art Dofus & Wakfu, les secrets des dessinateurs d’Ankama

The DC Comics Guide to Coloring and Lettering Comics

En 2023, la meilleur approche est la formation en ligne et les tuto sur Youtube. Google est votre ami.
J’abord aussi certaines méthode sur ma chaîne Youtube.
Vous pouvez aussi me retrouver sur Twitch pour des sessions en direct très ponctuelles.

Combien de temps faut-il pour faire une planche ?


Tout dépend du type de BD à faire et du degré de complexité du dessin. Une BD réaliste peut prendre plus de temps qu’une BD humoristique… Et encore, on peut mettre plein de détails de couleurs dans une page unique de gag…
Bref, difficile de donner un timing bien précis, c’est vraiment en fonction de chacun et en fonction des délais parfois !
Il m’arrive de faire 3 à 4 pages par jour. C’est assez rare et je suis sur les rotules après un tel marathon.
Habituellement, 1 page par jour voir 2, c’est déjà un rythme honnête.
Pensez aussi que les dessinateurs aiment bien travailler sur le fil niveau timing ! Le cliché des dessinateurs toujours en retard peut se vérifier dans certains cas. On accorde plus souvent des retards aux dessinateurs mais un peu moins au coloriste qui doit parfois récupérer le retard accumulé en production ! C’est rare, mais ça peut arriver.

Niveau tarif, combien on gagne ?

Généralement, le coloriste est payé à un prix fixe par planche ou un montant forfaitaire par album. Cette rémunération est payé en « avance sur droit« . Cela veut dire que l’éditeur paye une provision sur les droits d’auteur que génèrera l’album. Le dessinateur et le scénariste ne touche de droit qu’à partir du moment où cette avance est remboursé. Si le coloriste a été intégré au contrat d’édition, il touchera un pourcentage de droit prélevé sur la part du dessinateur et du scénariste.
Aucun éditeur n’emploie d’auteur comme salarié.
Pour vous donner une idée, les premières planches que j’ai réalisées en 2000 m’étaient payées 55€ brut. C’est un tarif très très bas (que je ne pratique plus).
Le tarif varie selon l’expérience que l’on a et le type de boulot qu’on propose de faire (bd d’humour, réaliste, illustration, petit magazine, matériel de communication, gros éditeur, BD à licence, etc.).
Pour vivre du métier, il faut avoir plusieurs contrats sur une année et multiplier les projets.
Dans certains cas, il arrive que l’on touche un pourcentage du prix du livre en droits d’auteurs, mais tous les éditeurs et/ou auteurs ne l’acceptent pas et ne le proposent pas d’emblée. Il faut généralement négocier ce droit d’auteur.

Quelles études existe-t-il pour devenir coloriste de BD ?

Il n’y a pas d’école spécifique pour la mise en couleurs. Pratiquer beaucoup de BD, plein d’infographie… ou l’inverse, je ne sais pas bien… Tous les enseignements qui touchent aux secteurs graphiques sont bons (avec tout de même une préférence pour les études dirigées vers la BD)

Pour “apprendre” la BD, il y a Saint-Luc Bruxelles, Liège ou Tournai, les académies des Beaux-Arts, l’école d’Angoulème, les Gobelins à Paris, Emile Cohl, les cours du soir dans différentes communes/régions, les ateliers de vacances,etc.
Pour l’infographie, il y a encore Saint-Luc, la haute école Albert Jacquard à Namur, Supinfocom à Valenciennes, les cours de promotion sociale,… Tout est bon ! Ces leçons serviront à un moment ou un autre. Si pas directement, de manière inconsciente.

Avoir une présence online est importante aussi, pour exposer son travail et avoir une visibilité. Avoir un compte Instagram, une page Facebook, un compte Twitter, Behance, ouvrir son site/blog qui regroupe toutes les publications sur les différents réseaux… Tout ça permet de montrer son travail, trouver des dessins noir et blanc à télécharger et à mettre en couleur pour s’entraîner, de nouer des contacts, d’avoir éventuellement des propositions de collaborations,  et d’avoir des conseils pour avancer et évoluer.

Quel matériel faut-il pour réaliser une mise en couleur de BD par ordinateur ?

  • un ordi (Mac ou PC, c’est pareil !) ou un iPad
  • un clavier ou un périphérique avec des touches (pour les raccourcis des outils)
  • un bon écran (ou 2 pour avoir un bureau étendu (on dispose sa planche sur un écran et ses outils sur l’autre)
  • un (ou plusieurs) logiciels comme Adobe Photoshop (ordi), Clip Studio Paint (ordi ou iPad), Procreate, Adobe Fresco sont les plus connus et les mieux adaptés au dessin (la majorité des coloristes utilisent Photoshop ou Clip Studio Paint, et pas forcément la toute dernière version.)

    Pour les étudiants en école d’art ou d’infographie, sachez que vous pouvez bénéficier d’un tarif préférentiel pour l’achat de Photoshop avec un rabais de 80%. Idem pour un ordinateur Apple.
  • Le compagnon indispensable, c’est la tablette graphique ! C’est un stylo numérique qui remplace la souris pour reproduire les gestes de la main, c’est vraiment une souplesse inégalée.
    Wacom, Huion, XP-Pen sont les marques les plus connues.
    Wacom est la marque pionnière et de référence
    pour la qualité des produits mais Huion monte en gamme et en qualité, tout comme XP-Pen

    Il existe deux familles de tablette graphique : celles avec écran intégré et celles sans écran.

  • Pour débuter, ou pour un usage occasionnel mais performant, la tablette Intuos Small est votre partenaire idéale. Pas d’écran intégré, le geste est reproduit sur votre moniteur d’ordi.
  • Pour un usage professionnel, une tablette Intuos Pro taille M est parfaite pour un usage sur écran simple.
  • Tablette avec écran : le top du confort
  • Très facultatif (mais vachement pratique si on peut en avoir une) : Une sonde de calibration d’écran. Ce “boitier” vous permet d’optimiser l’affichage chromatique de votre écran. Indispensable pour avoir un bon rendu des couleurs et éviter les mauvaises surprises à l’impression. Mais on peut très bien faire les réglages soi même à l’oeil, ce n’est pas interdit

Le matériel que j’utilise : j’ai plusieurs manière de travailler selon le lieu et les besoins

  1. Mac Mini M1 + tablette Wacom Intuos Pro M avec un écran Asus ProArt 24 pouces
  2. Ipad Pro 10 pouces + Apple Pencil 1. Cette taille de tablette est un peu trop petite à mon goût, privilégier le modèle 12 pouces.
  3. Matériel dépassé mais occasionnel : Macbook Pro Intel Core i5 mid-2012

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